Almodovar Exhibition

Publié le par Nena

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« L’Almodóvar exhibition », à la Cinémathèque française, s’est tenue du 5 avril au 31 juillet 2006

Une exposition 100 % Almodovar… On ne pouvait rêver mieux. Pour le bonheur de découvrir plus amplement son œuvre. De comprendre ses inspirations, son travail, de connaître sa vie, élément décisif dans la rédaction de ses films.

La cinémathèque et El deseo (la société de production d’Almodovar), à travers ce véritable évènement, nous présentent photos, tableaux, costumes, accessoires, vidéos (avec extraits de films ponctués d’interventions du réalisateur), en quantité considérable, pour notre plus grand plaisir. On pénètre ainsi plus amplement dans cet univers particulier, si vivant et coloré (le rouge ayant notamment une très grande importance). Deux courts métrages inédits et « savoureux » sont proposés à la fin de ce petit voyage, qui se termine par un extrait de « Volver », dernier chef d’œuvre en date de Pedro. Je n’en dirais pas plus, parce que vous savez ce que je pense de lui, qu’il est pour moi le réalisateur le plus talentueux au monde. Je me contenterais de retranscrire ses paroles. Morceaux choisis : 

1. Emois 

« Je suis né dans un petit village de la Mancha : Calzada de Calatrava. L’enfance, c’est un endroit où l’on retourne toujours, tôt ou tard. Cinématographiquement, j’y suis retourné souvent. La première fois, c’était avec
  Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? dans la scène où ma vraie mère et Chus Lampreave, l’actrice qui a officiellement toujours joué son rôle, se rencontrent dans une gare routière pour se rendre au village. Rentrer à la Mancha, cela veut toujours dire pour moi retourner en enfance et retrouver ma mère. » 

2. Pedro Almodovar et Madrid, emblèmes ensemble 

« Une fois arrivé à Madrid, au début des années 60, j’ai fait tout un tas de petits boulots jusqu’à ce que je commence à travailler pour la Compagnie téléphonique nationale d’Espagne. Avec mes premiers salaires, je me suis acheté une caméra Super 8. Je me suis mis à filmer comme un possédé tous les week-ends. Madrid a été un personnage qui a traversé tous mes films, tout comme mes personnages ont traversé ses rues, ont balayé ses escaliers, se sont enivrés et se sont battus dans ses bars, ont pleuré au coin de ses rues, se sont prostitués dans ses recoins. En fait, ils ont aimé, ils ont haï et ils ont vécu cette ville. » 

3. En plein corps 

« A l’école, on m’a appris à faire mon lit. On organisait des concours parmi les élèves pour savoir qui savait mieux le faire. Je n’ai jamais gagné, mais je respecte beaucoup de meuble. Nous venons au monde dans un lit et nous nous en allons dans un lit. Le lit est un espace sacré qui n’admet aucune banalité autour de lui. La place d’honneur dans une chambre est ce qu’on place au-dessus de la tête du lit. Protégés par cette image, nous nous lançons dans l’abîme du sommeil, une sorte de réception quotidienne de la mort. Sous cette image, nous assouvissons nos désirs charnels, tentative continuelle de prolonger la vie. » 


4. Figure humaine
 

« Tout le corps est expressif. Tout entier et par morceaux. Devant et derrière. Le gros plan a monopolisé le visage comme principal transmetteur d’émotions. Le visage contient les yeux et les lèvres. Et le regard et la parole sont les premières lettres de l’abécédaire de n’importe quelle narration. Le déguisement, lui, m’intéresse lorsque le personnage se déguise en lui-même ou en ce qu’il rêve d’être. »

5. Pop

« J’aime beaucoup l’idée du collage, sous toutes ses formes, pas seulement dans l’idée de l’art pictural. J’ai montré une multitude de collages dans mes films, presque toujours signés de l’artiste Dis Berlin. Le collage inclut, sur un même support, divers éléments appartenant à des mondes différents, mais qui tous ensemble, finissent par créer un univers unique. Pour une personne comme moi, aux goûts si éclectiques, qui ne respecte pas les règles des genres, mais qui a l’habitude de tous les mélanger, l’idée du collage, d’un point de vue dramaturgique, la narration idéale. "

6. L’Ecrit

« Je suis fétichiste de la machine à écrire. De la même façon que, chez Edward Hopper, l’image de la solitude est celle d’une femme seule dans une chambre d’hôtel, l’image de la solitude, au bon sens du terme, est pour moi celle de quelqu’un en train d’écrire et faisant corps avec sa machine à écrire, dans sa chambre, la nuit. Ce qui est sûr, c’est que je suis scénariste, et que je vais au bout de ce travail pour chacun de mes films, car j’écris toujours au moins vingt versions d’un même scénario. C’est à cela que j’ai consacré ma vie : écrire des scénarios. Je sais que mon désir serait d’écrire un grand roman, mais c’est une ambition que je remets toujours à plus tard. »

7. La vie spectacle

« Tout est bon pour que les personnages s’expliquent, ou simplement réagissent tels qu’ils sont et que, de la sorte, le spectateur les connaisse peu à peu. C’est le cas des catalyseurs qui servent de spectacles pour provoquer une émotion. Dans ce sens, une pièce de théâtre, un récital, ou même un show télévisuel me permettent de créer le mystère qui envoûte le personnage en question. »

 

Dialogue extrait du film « Tout sur ma mère », avec Cecilia Roth, Marisa Paredes et Penelope Cruz

 

ESTEBAN 

Musique pour caméléons !

 

MANUELA

Tu l’as lu ?

 

ESTEBAN

Non. Mais comment tu as su que j’en avais envie ?

 

MANUELA

J’ai vu que tu aimais bien ce Capote.

 

ESTEBAN

Lis-moi un passage, comme quand j’étais petit.

 

MANUELA

« Préface. J’ai commencé à écrire quand j’avais huit ans. »

 

ESTEBAN

Tu vois, je ne suis pas le seul

 

MANUELA

« A ce moment là, je ne savais pas que je m’étais enchaîné pour la vie à un noble mais implacable maître. Quand on reçoit un don de dieu, il nous remet aussi un fouet, et le fouet, c’est uniquement pour s’autoflageller. » C’est à te dégoûter d’écrire.

 

ESTEBAN

Ne sois pas stupide ! C’est une préface superbe !

 

 

 

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